Le choeur de la cathédrale |
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stalles
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Le retable L'autel majeur, en marbre de Sarrancolin, a été mis en place en 1737. Séparé de l'autel par un étroit passage, le retable s'adosse au mausolée de saint Bertrand. De la même époque que les stalles, il a été badigeonné et doré tardivement.
À la prédelle, on découvre vingt-sept petits bas-reliefs qui ne comportent pas moins de 115 personnages de 18 centimètres de hauteur. Deux cycles s'entrecroisent dans un désordre qui n'est qu'apparent :
Le désordre n'est qu'apparent, car l'artiste, ou celui qui l'a inspiré, en mélangeant ces deux cycles, illustre magnifiquement une des grandes intuitions de la théologie chrétienne : la Kénose, l'abaissement du Christ qui culmine au moment de la Passion, commence en fait dès la Nativité. Lui, qui est de condition divine n'a pas considéré comme une proie à saisir d'être l'égal de Dieu. Mais il s'est dépouillé, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes et, par son aspect, il était reconnu comme un homme... écrira saint Paul dans son épître aux Philippiens -Ph. 2/6-7 - . Cela n'empêche pas l'auteur d'aller chercher une partie de son inspiration du côté des Évangiles Apocryphes popularisés à partir du XIIIe siècle par la très fameuse Légende Dorée du dominicain génois Jacques de Voragine. De nombreux détails des stalles, comme des premiers tableaux de la prédelle consacrés aux parents de la Vierge Marie, Anne et Joachim, proviennent en effet de ce best-seller de la littérature populaire édifiante : vendue par les colporteurs en fascicules lue, relue, lors des veillées campagnardes jusquau début du XXe siècle, La Légende dorée nen a pas moins fournie aux artistes, depuis sa parution, les attributs et symboles qui permettaient didentifier au premier coup doeil les saints, les saintes, et les scènes de lAncien ou du Nouveau Testament. |
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Dans cinq niches au-dessus de la prédelle on peut voir : au centre une Vierge à l'enfant et à droite et à gauche : saint Jean-Baptiste, saint Sébastien et deux évêques. Au dessus, dans une rangée de niches plus petites : le Père éternel, tenant un globe terrestre en main entouré de : Élie, l'ange de l'Annonciation et saint Pierre; Moïse, la Vierge de l'Annonciation et saint Paul. Aux deux extrémités, surmontant deux colonnes, à droite : la Vierge et l'enfant Jésus; et à gauche : Sainte Anne, le Vierge et l'enfant Jésus. Suspendu au pied du Père éternel se trouve la colombe du saint Esprit qui servait, avant l'instauration des tabernacles, à suspendre la pyxide renfermant le Saint-Sacrement. Anonymes, les artisans-artistes qui travaillèrent à Saint Bertrand , nous ont laissé quelques indices qui nous orientent vers l'Espagne : - Qui d'autre qu'un Marrane , un chrétien d'origine juive, converti de force en 1492 après l'édit d'expulsion des juifs d'Espagne des rois catholiques Isabelle et Ferdinand, aurait eu laudace de sculpter sur une parclose une Synagogue si peu abattue, plus jeune que lÉglise au triomphe si modeste? Qui d'autre qu'un Marrane aurait pu représenter à la prédelle, d'une façon aussi précise, la circoncision du Christ : thème rarement traité, à cette époque, par les iconographes chrétiens? Qui d'autre qu'un Marrane aurait connu la légende juive apocryphe du martyre dIsaïe que le roi impie Manassé aurait fait scier pour mettre entre les mains du prophète une scie?
De plus, la prédelle du retable de l'église Santa Maria de Arties, offre de nombreuses similitudes avec celle de Saint Bertrand. Le Val d'Aran qui dépendait au spirituel de l'évêché de Comminges jusqu'à la fin de la Révolution Française et le Concordat de 1802 fut, à toutes les époques, un lieu de passage et d'échanges entre les Pyrénées centrales du versant nord et l'Aragon d'abord, puis la Catalogne et l'Espagne ensuite. Dans ce contexte la présence sur un chantier aussi important d'un ou de plusieurs sculpteurs d'origine espagnole ou même venant du Val dAran, si elle n'est pas avérée, peut fort bien être envisagée. |
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