Halte sur le chemin de Saint Jacques |
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Hagiographie, archéologie et histoire Si quatre grands chemins traversent la France, une multitude de variantes nées de la curiosité comme des besoins spirituels et matériels des pèlerins verront le jour au fil des siècles: ainsi naîtra le chemin du Piémont, variante du chemin d'Arles. Des pèlerins attirés par la renommée de saint Lizier ou de saint Bertrand quittaient la voie d'Arles pour rejoindre ces deux villes où ils étaient vénérés en passant par Castelnaudary, Mirepoix et Foix. D'autres qui étaient allés se recueillir jusqu'au tombeau de Saturnin -Sernin - le premier évêque martyr de Toulouse, s'éloignaient de la route d'Auch pour rejoindre Saint Bertrand par la vallée de la Garonne: Cazères, Palaminy et Martres Tolosane conservent des traces de leurs passages. Certains, découvrant la vie de saint Bertrand en passant à l'Isle Jourdain - sa ville natale - se rendaient à la ville épiscopale du Comminges par les coteaux de Gascogne. Après avoir fait ses dévotions au tombeau de saint Bertrand, le pèlerin suivait le piémont pyrénéen en guettant un col exempt d'intempéries pour passer en Espagne ou se contentait de rejoindre Sainte Christine et le Somport - ou Roncevaux - : l'abbaye de l'Escaladieu et les diverses communautés religieuses du piémont lui offrant alors un accueil spirituel et matériel non négligeable. L'hagiographie, l'archéologie et l'histoire témoignent de cette fréquentation. Quatorze des trente et un miracles attribués à saint Bertrand furent réalisés du vivant du saint. Celui dont nous allons parler porte le numéro 26 et se situe donc après la mort de Bertrand. Un Allemand allant en dévotion à Saint Jacques en Galice, perdit la tête à devenir fou. Ses compagnons le menèrent au tombeau de saint Bertrand, où il pleura, gémit et pria. Le Serviteur de Dieu entendit bientôt ses pleurs et lui rendit son bon sens, lui redonna la raison et dissipa sa folie. Et celui qui était furieux se laissa approcher, ne grinça plus des dents, ne déchira plus ses habits, ne parla plus en fou, fut réglé dans ses discours et dans son maintien. Enfin il revint bien à lui, recouvra entièrement sa santé et remercia le Seigneur qui est et sera béni éternellement. Et Vital d'ajouter qu'il s'agissait là d'un prodige insigne et de la plus grande ancienneté qui après avoir parcouru nos provinces et celles de Bourgogne et de Lorraine parvint jusques aux peuples Teutons. Voila ce qui, en termes contemporains, pourrait s'appeler un bon coup de publicité et incita les pèlerins de saint Jacques à venir honorer saint Bertrand. |
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Les aménagements de Saint Just, comme ceux entrepris à Saint Bertrand à la même période sont autant d'indices que le nombre de pèlerins devait aller en grandissant, puisque c'est pour les accueillir que Bertrand de Goth, futur pape sous le nom de Clément V, décidera de faire édifier la nef gothique de la cathédrale : travaux qui ne commenceront qu'après son départ du Comminges, sans doute en 1307. Deux siècles plus tard Jean de Mauléon, à peine devenu évêque, décidera en 1523 de faire réaliser les stalles et le jubé afin d'isoler les chanoines du flot incessant des pèlerins: tous ne devaient pas se rendre à Compostelle et venaient à Saint Bertrand surtout attirés par la renommée de l'apôtre du Comminges, mais en ce début de XVIe siècle le pèlerinage à Compostelle, quoique déclinant, attirait encore un nombre respectable de dévots.
Une statue fut solennellement érigée dans la cathédrale de Saint Bertrand le 8 décembre 1882, pour le premier anniversaire de la canonisation de saint Benoît-Joseph. Une source, entre Seilhan et Labroquère, marque le lieu de la tentative de meurtre. Une plaque commémorative vient d'être apposée à la Porte Majou. Benoît-Joseph Labre fut sans doute l'un des derniers pèlerins à passer par Saint Bertrand avant que le pèlerinage de Galice ne retrouve une nouvelle jeunesse.
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