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L'intérieur

Dix marches mènent au centre de la deuxième travée de l'église. L'édifice mesure intérieurement 29m x 14,30m et se compose d'une nef flanquée de simples collatéraux. Divisés en quatre travées, le vaisseau central se prolonge par un chœur en hémicycle. Les absidioles, sur plan outreprassé (en fer à cheval), communiquent avec le chœur par une petite porte et par une fenêtre.

Une impression de puissance se dégage de la voûte en plein cintre portée par des arcs-doubleaux et par deux files de piles rectangulaires que relient, dans le sens longitudinal, de grandes arcades aux arétes vives. La travée la plus orientale, près de l'entrée du chœur, peut être considérée comme un transept non saillant à cause de sa hauteur plus élevée. C'est elle qui porte le clocher. De plus, les colonnes jumelées, enlevées aux édifices romains de la ville ruinée, remplacent les pilastres aux quatre piles de cette croisée du transept.

Les voûtes des bas-côtés sont en quart de cercle et contrebutent latéralement celle de la nef centrale. Elles pénètrent malhabilement les piles et sont interrompues par des arcs-doubleaux portant les murs et faisant fonction d'arcs-boutants.

 
photo © Michel Escourbiac

La disposition des pilastres flanquant les piles, visiblement surhaussées ultérieurement pour recevoir la retombée des doubleaux, ainsi que de nombreuses anomalies, ont amené les archéologues à conclure que l'église a été bâtie en deux temps. On a d'abord monté, sans doute au XIe siècle, une charpente apparente s'appuyant sur le sommet de piles rectangulaires et sur des corniches. Ensuite, dans le courant du XIIe siècle, on a voûté par le procédé utilisé déjà dans des édifice comme Sainte-Foy de Conques et Saint-Sernin de Toulouse: une voûte centrale en berceau reposant sur des doubleaux portés par des pilastre et contrebutée latéralement par des voûtes en quart de cercle.

Alors que la lumière entre parcimonieusement dans les collatéraux par quatre petites fenêtres au sud et une fenêtre au nord, l'abside est abondamment éclairée par deux rangées superposées de trois fenêtres sans ébrasement. Elle est décorée d'une arcature portée par des colonnes aux chapiteaux rudimentaires qui semble continuer celle qui prend place dans la dernière travée, aux deux extrémités du faux transept.

 
photo © Michel Escourbiac
 

L'autel formé d'un massif rectangulaire est recouvert d'une table de marbre creusée en cuvette. Un ciborium gothique au remplage polylobé se dresse derrière lui, au-dessus d'un curieux édicule voûté.

La raison d'être de cette minuscule crypte est à rechercher sous le ciborium: on venait là-dedans pour s'imprégner des vertus bénéfiques des saints dont les reliques étaient conservées dans un sarcophage placé entre les six piliers du ciborium. Ce tombeau de pierre est dépourvu de toute inscription, vide de tout ossement et recouvert d'une bâtière. Un petit escalier à double volée permet d'accéder au niveau du ciborium. Les statues polychromes des saints Just et Pasteur cantonnent l'édicule.

Quel que soit le caractère énigmatique de cet ensemble, sa connaissance est précieuse pour comprendre l'évolution du culte des reliques de saint Bertrand. Nous ne possédons plus le lieu destiné, dans la pensée de Clément V, à la vénération des restes du saint évêque et préparé dans la cathédrale par les soins du chapitre ou de l'évêque, vers les premières années du XIVe siècle.

Mais nous pouvons être sûrs, en visitant Saint-Just de Valcabrère, d'avoir sous les yeux un dispositif contemporain de celui de la cathédrale et particulièrement utile pour la compréhension des dévotions des pèlerins de l'époque gothique.

Voûtées en cul-de-four, les absidioles sont éclairées par trois fenêtres. Elles s'ouvrent sur les bas-côtés par de puissants arcs en plein cintre retombant sur des chapiteaux corinthiens d'époque romaine ou paléochrétienne. Devant l'entrée de l'absidiole gauche, une dalle commémore le baptème du roi de Rome, le fils de Napoléon Ier. On a tout simplement réutilisé pour cela une table d'autel en cuvette. Cette absidiole a fait l'objet d'une fouille systématique qui a donné lieu à des découvertes de sépultures : parmi elles se trouvait celle d'un pélerin de Compostelle.

photo © Michel Escourbiac

Outre les colonnes romaines déjà signalées, l'édifice recèle de nombreuses pierres sculptées en réemploi dans la maçonnerie ou comme bénitiers. Sur le pilier séparant l'absidiole gauche de l'abside principale on peut voir deux débris de sculptures placés à l'envers portant l'image d'un captif barbare et un bouclier décoré d'une face de Gorgone entouré de trophées, de casques, d'armes, de boucliers, de tridents, d'étendards. Remarquons encore sur le pilier de droite ces magnifiques bas-reliefs ornés de rosaces et d'acanthes enroulées.

 

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